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chronique d’une visite auprès de pédagogie nomade, snapshot d’une école différente, très différente tout près d’ici

lundi 1er décembre 2008, par Antoine Janvier

pour ceux qui ne veulent pas lire le tout, c’est dommage pour vous,
mais à la fin vous trouverez des infos pratiques.

chronique d’une visite auprès de pédagogie nomade, snapshot d’une
école différente, très différente tout près d’ici.

hier je suis allé tout près,
hier j’étais très loin.
à quelques kilomètres de la frontière de l’extrème nord
luxembourgeois, de l’autre côté "wohlgemerkt", du côté belge, plus
précisement dans un tout petit hameau, enneigé, appellé limerlé, un
periple éducatif est arrivée à sa fin, ou plutôt à pris l’envol depuis
des années d’errance et de glanage à travers le monde éducatif.
un autre monde, une école toute nouvelle, dans une ferme beaucoup
moins nouvelle.
vraiment un autre monde. il fait froid très froid dans les ardennes
belges, il n’y a que quelques radiateurs, chauffés au bois local, qui
arrivent à peine à maintenir une athmosphère vivable, rien à voir avec
notre climat surchauffé à nous, ici tout le monde en anorak, avec des
bonnets, des capuches, profs et élèves, c’est comme si le froid
unissait, il rend tout le monde pareil...
mercredi est un jour spécial :
c’est une école participative, vraiment participative. il n’y a pas de
structures administratives ou directionnelles. les élèves et les profs
ont "gestion" à tour de rôle, pendant deux semaines toujours. gestion
veut dire qu’un prof et trois/quatre élèves s’organisent pour se
repartir les charges dans un domaine spécial. exemple la cuisine, les
élèves et profs cuisinent pour les autres élèves, le sécretariat,
l’administration, les achats etc. pendant ces deux semaines il y a
moins cours pour les concernés.
les élèves, faut le dire quand même ont entre 16 et 27 ans. beaucoup
d’entre eux avaient été laissés pour compte par le système
traditionnel, et ont réintegré l’école ici, afin de faire leur bac. la
maturité de tous est palpable.
le mercredi est aussi le jour de la réunion plenière, d’abord tout le
monde (70personnes en tout), qui se passe de façon étonnément
disciplinée, il n’y a pas de discussions intérminables, pas
d’anecdotes, une gérance efficiente de la participation. tout le monde
est attentif, engagée, présent, participe, même les jeunes qui
"somnolent" sur des canapés au fond de la salle, un peu à l’écart, de
temps à autre, ils sursautent pour demander la parole. personne ne
leur dit de s’asseoir avec les autres, de s’asseoir convenablement,
ici on est libre de faire comme on veut, à condition qu’on fait. on
sent une confiance tangible, confiance de la part des profs envers
leurs élèves, et vice versa. on sent que tout le monde sait qu’il y a
du temps, que forcer les choses ne mène à rien.
après avoir abordé tous les points d’information à l’ordre du jour,
l’ordre du jour des "collèges" est lu, approuvée, et après les élèves
et les profs se réunissent chacun dans son collège. même image
qu’avant, les élèves gèrent leur collège avec une professionalité
stupéfiante, il y a concentration, et sériosité, ce qui prédomine est
le désir d’aboutir à une décision, on sent que tout le monde se sent
impliqué, qu’il n’est pas là pour fouttre le bordel, pour saboter,
mais pour faire avancer "leur" projet.
c’est ça la participation !
on parle d’attitude de consommation, et cela me fait sourire.
effectivement une grande partie de l’emploi du temps est dedié aux
ateliers, qui peuvent être tenus par un élève ou un prof. dans ces
ateliers on est censé faire des productions sur un aspect du thème de
l’atelier. il y a eu des problèmes de présences. mais attitude de
consommation je ne l’ai pas vue aujourd’hui.
à la fin retour à l’ag décisionnelle ou les deux collèges présentent
les résultats de leurs déliberations, et une décision consensuelle est
prise. en aucun cas il n’y discrimination des uns en faveur des
autres. chaque opinion est ecoutée et respectée. s’il n’y a pas
consensus, on remet la discussion à la semaine prochaine, avec la
mission pour tous de reflechir à des arguments.
et ce qui est ettonnant, le tout se termine très vite, en deux heures
et demies à peine, interrompu par des pauses café/cigarette tout à
fait naturelles, ça fume beaucoup ici, est-ce le froid ??? à aucun
moment l’impression de stress, de frustration, tout semble aller de
son train train naturel, on est à la campagne après tout, mais tout
avance vite, de façon étonnament vite.

élèves et profs se mélangent continuellement, et de la façon la plus
naturelle possible, d’ailleurs on a quelque peine, en nouveau arrivée
de distinguer qui est prof et qui est élève. le cotoymement est
allègre et jovial. autre détail important, profs et élèves se tutoient
mutuellement, tout en gardant le maximum de respect imaginable, oui
c’est possible...

ah oui, l’école, je l’avais déjà remarqué au début, est en pleine
construction. ouverte en septembre seulement, tous construisent
ensemble, avec les très peu de moyens dont ils disposent leur école.
c’est vraiment un autre monde, et nous on oublie très vite dans quel
paradis fiscal...ehm pardon, économique nous baignons.

si j’ai éveillé votre attention, prière de visiter le site web du projet :
http://www.peripleenlademeure.be/
et/ou alors de me contacter.
possibilité de faire une "mission-visite" à plusieurs, avec ou sans
élèves, possibilité d’organiser des échanges d’élèves, des échanges
épistulaires entre élèves, il seraient intéressés par l’allemand et
l’anglais surtout, nos élèves pourraient leur écrire en
français/anglais et eux répondre en allemand/anglais.

Nicolas Hirsch, du Neie Lycée de Luxembourg