Il nous semble que c’est une position discutable à plusieurs égards.
Sans doute la démarche de rendre la commune – comme toute la Wallonie – « connectée et intelligente » cadre dans l’idée du progrès qui a cours ces derniers siècles.
Cependant, beaucoup de signaux indiquent que ce progrès-là a des effets néfastes sur la vie humaine et animale. Il n’est sans doute pas nécessaire de rappeler par exemple la menace que représentent les champs magnétiques et les ondes pour l’orientation des abeilles des oiseaux et qui contribuent à leur disparition. Pour des personnes électrosensibles, la présence d’antennes et d’ondes cause une réelle souffrance. Les scientifiques ne savent toujours pas prédire les effets de la pollution électromagnétique sur l’humain. Le débat autour de la 5G à Bruxelles en témoigne. Des sociologues, psychologues et philosophes s’accordent pour mettre au jour les effets nuisibles de la connectivité et des réseaux sociaux – surtout chez les jeunes, qui passent en moyenne plusieurs heures par jour dans le monde virtuel : Isolation, perte de confiance en soi, aliénation du monde… Les exemples sont multiples.
Nous pensons que c’est avant tout une question de sens. S’il s’agit de devenir une commune « intelligente et connectée », comme le veut le slogan, il faudra s’accorder sur la signification de ces termes.
En Islande, on posera la première pierre tombale pour un glacier, dont les deux cent frères sont condamnés à disparaître également, si nous ne changeons pas de cap. Le texte inscrit est une brève lettre aux humains du futur, rappelant que nous savons que nous vivons en temps de crise et que nous savons ce qu’il y a à faire. À eux d’évaluer si nous l’aurons fait. Ainsi, l’intelligence ne se résume pas au savoir qu’on accumule, mais elle inclut les actes que ce savoir impose. Il nous semble qu’alourdir davantage l’atmosphère avec des ondes n’est pas un acte d’intelligence en ce sens.
Ensuite, il s’agit de remettre en question le concept de la connexion tel qu’il est employé aujourd’hui, c’est-à -dire limité et cadenassé à l’internet et aux smartphones. Mais qu’en est-il de la connexion avec soi-même, avec les autres, avec la terre ? C’est justement l’idée moderne de connexion – la « connectivité » - qui menace ces liens, pourtant essentiels pour une vie heureuse, solidaire et respectueuse de l’environnement.
Nos voisins plus âgés peuvent témoigner, si on veut bien tendre l’oreille, du temps où les connexions réelles animaient la vie des villages de notre commune.
Et finalement, le vrai progrès, ne serait-ce pas de descendre en tant que commune, du carrousel des inventions technologiques pour tenter d’envisager un avenir vivable ?
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